Depuis le début de l’année 2022/2023, nous avons le plaisir et l’honneur d’animer la chronique « Je demande l’Histoire », sur Radio Bro Gwened, aux côtés de Jeanne Chevrel.
Si vous souhaitez redécouvrir en 4 minutes les grandes dates de l’histoire de Bretagne, de France et d’Europe, alors rendez-vous chaque semaine pour un nouvel épisode et en réécoute ICI !
En 2022, Études Historiques se lance dans une nouvelle aventure : le mécénat de compétences ! Kézako ?
Notre première convention de mécénat de compétences
Le mécénat de compétences est un don en nature, de force de travail et de compétences professionnelles. Concrètement, il s’agit de réaliser, au profit d’un organisme d’intérêt général, une prestation qui ne sera pas rémunérée mais fera l’objet d’une convention de mécénat et sera valorisée dans les comptabilités de l’entreprise (don) et de l’organisme d’intérêt général (autofinancement) concernés.
Compte tenu de la conjoncture actuelle, nous souhaitons que le patrimoine, l’histoire et, d’une manière générale, la recherche scientifique ne passe pas à l’arrière-plan. Nous souhaitons soutenir les associations partageant les mêmes valeurs que nous, de partage des connaissances dans les domaines de l’histoire, de l’archéologie, du patrimoine et de la généalogie et d’excellence de la recherche dans ces domaines.
Le clocher tors de Verchin (Pas-de-Calais)
C’est le projet du Comité d’Histoire du Haut-Pays (Fauquembergues, Pas-de-Calais) qui a été choisi en 2022. L’action de mécénat a consisté en la réalisation d’une étude monumentale de l’église à clocher tors de Verchin (Pas-de-Calais), dans le cadre de la création d’une brochure destiné à retracer l’histoire de cet édifice remarquable.
Nous vous donnons rendez-vous au dernier trimestre 2022 pour le lancement de l’appel à projets 2023 !
En 2021, la stratégie adoptée consistait à ouvrir une unique aire de fouille dans la partie identifiée comme étant la plus ancienne du site, à savoir l’enceinte. Le parti a également été pris d’implanter l’aire de fouille 2021 dans la continuité du sondage 3 de 2020, afin d’essayer de percevoir en entier les ensembles partiellement détectées lors de la première campagne. Une aire de fouille de 190 m² a ainsi été implantée dans l’angle nord de l’enceinte. En raison du boisement, des nécessités liées à la gestion des terres et de la présence de ruches, l’aire de fouilles 2021 à une forme asymétrique, légèrement en L.
La fouille archéologique menée en 2021 confirme la densité de l’occupation dans l’enceinte du site fortifié du Corboulo, qui avait déjà été pressentie à l’occasion des sondages de 2020. Outre leur nombre, il faut aussi souligner la variété des structures qui correspondent sans doute à la coexistence de diverses fonctions sur le site.
Le mobilier, comme en 2020, reste peu abondant, mais il convient de souligner l’importance du domaine équestre, qui confirme le caractère élitaire, sinon militaire, de l’endroit. La synthèse des datations par radiocarbone obtenues en 2020 et 2021 permet de préciser la chronologie de l’occupation du site : l’ensemble des datations obtenues convergent ainsi vers la période 900-1050.
Il m’arrive fréquemment d’être sollicité par des familles se revendiquant comme noble et cherchant à étayer leur noblesse par des titres. Si c’est chose facile pour les familles aristocratiques, lorsque l’on entre dans la moyenne et la petite noblesse la tâche peut s’avérer plus ardue : les généalogies sont moins connues, les documents prouvant la noblesse éparpillés dans plusieurs dépôts d’archives, il y a donc un important travail de recherche à fournir.
Contrairement aux idées reçues, les recherches généalogiques et historiques ne se cantonnent pas au passé ! Lorsque les avocats ont besoin d’ interroger le passé, le rôle de l’historien prend tout son sens.
Nous avons eu la chance de travailler sur le siège du camp de Beugy, un campement médiéval, en vue d’accompagner les fouilles archéologiques. Le métier d’historien est fantastique car il permet de plonger dans l’histoire à la recherche de ses secrets…il se trouve que le camp de Beugy ne nous a pas déçus…
Découvrons les mystères du Camp de Beugy !
Le site du « Camp de la Motte », appelé aussi « Camp de Beugy » ou « Camp des Anglais», serait une fortification construite par Guillaume le Conquérant lors du siège du château de Sainte-Suzanne au début des années 1080.
Depuis 2010, un groupe de travail s’est constitué et une étude complète de ce site s’est engagée.
Dans le cadre des recherches, les archéologues retrouvaient des formes ovales taillées dans les rochers. Le camp de Beugy ayant été un campement de siège du Moyen Âge, nous nous attendions à des tentes mais, des recherches iconographiques ont été réalisées.
Celles-ci nous ont permis de faire une découverte majeure. En mettant en parallèle plusieurs documents, il s’est avéré qu’il n’y avait pas assez de tentes pour les soldats, et qu’ils se fabriquaient eux-même des cabanes en branchages. Les formes ovales étaient donc l’emprise de la cabane au sol !
Il y a peu de fouilles archéologiques sur les campements de sièges médiévaux, ces recherches ont constitué une opportunité exceptionnelle pour découvrir ces éléments historiques au cœur de la vie d’un campement du Moyen Âge.
Les recherches réalisées par l’historien sont venues enrichir le travail de terrain des archéologues.
Les travaux des archéologues et des historiens sont éminemment complémentaires : les premiers font l’étude sur le terrain,tandis que les seconds nourrissent et éclairent ce travail.
En tant qu’historien, je suis souvent amené à travailler main dans la main sur des projets avec des archéologues et des architectes. Notre approche est fondamentalement complémentaire. C’est ce travail en triptyque que je souhaite mettre en avant aujourd’hui en relatant notre travail au cœur de la chapelle de Locmaria.
La chapelle de Locmaria cachait un ancien prieuré !
J’ai été contacté par la commune de Ploemel dans le Morbihan dans le cadre d’un projet de restauration de la chapelle de Locmaria. L’étude précédait un travail archéologique et je suis intervenu en amont, ce qui m’arrive assez fréquemment.
Nous avons réalisé des recherches documentaires ainsi que des observations poussées sur les élévations existantes (le chœur a été détruit au XIXe siècle).
Notre mission était de retrouver l’histoire de l’édifice ainsi que son évolution au cours du temps.
Sur le plan historique, la découverte majeure est que la chapelle de Locmaria est d’origine priorale et rattachée à l’Ordre hospitalier du Saint-Esprit (fondé à Montpellier au XIIe siècle et possédant un hôpital très important à Auray, à quelques kilomètres de Locmaria).
Les recherches ont permis de mettre en évidence l’histoire de la chapelle de Locmaria.
Le simple aspect extérieur de la chapelle pourrait paraître anodin, mais nous avons pu découvrir que son histoire est pourtant riche, pleine de rebondissements ! Celle-ci illustre la sociabilité locale,tant laïque qu’ecclésiastique, entre la fin du Moyen Âge et le XXe siècle.
Les recherches réalisées par l’historien sont venues enrichir le travail de terrain des archéologues.
Les travaux des archéologues et des historiens sont éminemment complémentaires : les premiers font l’étude sur le terrain,tandis que les seconds nourrissent et éclairent ce travail.
Et enfin, L’architecte a pu se servir de ces travaux pour mettre en oeuvre le projet final.
Un projet comme celui de la chapelle de Locmaria est passionnant en ce qu’il met en avant le lien entre ces trois corps de métier, et à travers celui-ci, c’est le tryptique du passé du présent et du futur qui se dessine.
L’alliance de l’historien et de l’architecte, c’est la création d’une synergie au service de notre beau patrimoine !
L’objectif de nos deux métiers est commun : nous valorisons un édifice au cœur d’un paysage local dans le respect de son authenticité et son intégrité.
Le projet des deux chapelles Saint-Jaoua et Saint-Jean-Balanant à Plouvien (Finistère) en est un bel exemple !
L’objectif était de retracer l’histoire des lieux le plus précisément possible pour orienter le projet architectural futur en tenant compte de la construction originale et en préservant l’historicité des deux chapelles.
Il s’agit donc bien de synergie entre observations architecturales menées sur le terrain et investigation approfondie dans les fonds d’archives.
Comprendre les évolutions des édifices au cours du temps, analyser les transformations permet de dresser la cartographie historique et architecturale de l’édifice et c’est le travail de l’historien.
Comprendre et s’imprégner de ces données pour présenter un projet architectural authentique, c’est la mission de l’architecte.
La recherche documentaire porte sur des actes notariés, des pièces cadastrales ou de la documentation seigneuriale et ecclésiastique. La démarche peut être longue (quelques semaines) mais elle réserve de très belles surprises.
Ainsi notre travail a permis de démontrer deux faits d’importance : la chapelle Saint-Jaoua est très probablement le fruit de plusieurs phases de construction s’étalant entre le courant du XVe et la première moitié du XVIe siècle.
Concernant la chapelle Saint-Jean-Balanant, il semble que cette dépendance de l’ordre de l’Hôpital, ait davantage été un établissement rural destiné à engranger des revenus par les prélèvements seigneuriaux, plutôt qu’un hôpital à proprement parler, comme cela avait été annoncé précédemment par certains historiens et érudits.
C’est ce souci d’exactitude qui renforce le lien entre les deux professions : aller à la source pour retrouver les informations d’origine et s’en inspirer architecturalement.
Ce travail facilite grandement la préservation de l’authenticité de la chapelle et favorise sa remise en valeur.
L’alliance des compétences des historiens et des architectes est essentielle : c’est la mise en valeur d’un édifice historique qui est en jeu !
Dans le cadre d’un projet à l’initiative de la commune d’Hennebont, dans le Morbihan, l’abbaye Notre-Dame-de-Joye a fait l’objet d’un travail de recherche approfondi.
Nous transformant en détective, nous avons mené des recherches considérables pour percer à jour les secrets de l’histoire architecturale de l’abbaye Notre-Dame-de-Joye !
Notre travail a permis de documenter et d’expertiser le cloître et la partie septentrionale de l’ancienne abbaye Notre-Dame-de-Joye, un édifice majeur en termes de structuration territoriale, fondé en 1275 par Blanche de Champagne, épouse du duc de Bretagne.
Comme souvent dans le cadre d’un travail de valorisation et de médiation du patrimoine, la collecte et l’analyse des données nous ont permis d’éliminer certaines incertitudes entourant l’édifice et de le faire renaître dans toute son authenticité.
Pour y parvenir, la masse d’informations qu’il a fallu traiter est considérable ! Un fonds de plusieurs milliers de documents allant du XIIIe au XVIIIe siècle est conservé aux Archives départementales du Morbihan. Ce ne sont pas moins de 69 cartons qu’il a fallu explorer !
Certaines données se sont révélées utiles, d’autres moins, mais toutes sont passionnantes pour l’historien puisqu’elles permettent de cartographier l’édifice, l’enclos monastique et de mieux cerner les périodes historiques concernées, puis de produire une synthèse chronologique et reconstituer l’histoire du monument.
Comme pour une enquête policière, l’historien se transforme alors en détective : il lit, analyse, recherche et complète les informations dont il dispose pour découvrir et comprendre l’origine et les transformations des bâtiments.
Les découvertes faites lors de cette mission nous ont permis de reconstituer très finement l’histoire architecturale de l’abbaye depuis le XVIe siècle. De 1512 à 1735, nous avons pu dater chaque étape de transformations et de reconstruction de l’édifice.
Nous avons aussi retrouvé un cahier des sépultures des pensionnaires et domestiques ouvert en 1777 qui nous donne des orientations sur l’emplacement de sépultures dans le cloître, dans l’église et dans le nord de l’enclos monastique, dont il faudra tenir compte pour les travaux.
En luttant contre les a peu près et les incertitudes, l’historien et l’architecte travaillent pour une même cause : la mise en valeur d’un patrimoine guidée par la vérité historique.