La chapelle Notre-Dame de Lourdes (Auray, Morbihan) : un reflet de la piété du XIXe siècle

Contactés à l’automne 2017 par l’Association Diocésaine de Vannes, nous avons réalisé une recherche documentaire dans les fonds d’archives permettant de documenter l’histoire de la chapelle Notre-Dame de Lourdes, située près de l’ancien port de Saint-Goustan, à Auray, en vue de travaux et d’une mise en valeur de l’édifice.

En raison de son caractère récent, la chapelle Notre-Dame de Lourdes a peu attiré les attentions jusqu’à la fin du XXe siècle. La documentation la concernant, qu’elle soit écrite ou iconographique, est très faible : elle est essentiellement constituée par les archives paroissiales, la documentation communale, ainsi que quelques cartes postales anciennes. Les clichés anciens contenus aux Archives départementales du Morbihan montrent volontiers la pittoresque Rue du Petit Port, avec ses maisons à pan de bois de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne, mais aucun ne permet de distinguer, ne serait-ce qu’en arrière-plan, la chapelle qui nous intéresse.

Qui plus est, les documents concernant la construction de la chapelle en elle-même semblent avoir été assez disparates. Le rédacteur (inconnu) d’un répertoire des biens de la paroisse (probablement au début du XXe siècle) indique avoir quelques documents concernant les « ouvrages et fournitures » de construction, mais pas de compte global. Il s’interroge également sur l’acquisition des terrains par le recteur d’alors.

 

Il fut rapidement établi que les recherches seraient à mener aux Archives départementales du Morbihan (80 Rue des Vénètes, CS 52405, 56010 Vannes), les archives paroissiales ayant été versées aux Archives départementales du Morbihan en 1997 ; notre travail a donc eu lieu exclusivement au sein de ces locaux. Les archives paroissiales d’Auray y sont conservées dans la sous-série 30 J 7. En raison du caractère à la fois cultuel et récent de l’édifice, nous avions bon espoir de trouver des informations dans la série V, consacrée aux Cultes. Cependant, il nous est rapidement apparu qu’aucun document concernant directement la chapelle qui nous intéressait n’y était conservé. Du reste, on n’y trouve que quelques documents à propos de la Fabrique d’Auray, mais aucun concernant la Fabrique de Saint-Goustan. Il nous a paru également intéressant de retracer l’histoire foncière des parcelles où s’est établie la chapelle. Ce type de recherches est tout à fait possible pour le XIXe siècle grâce aux plans, état de sections et matrices du cadastre dit « napoléonien » (sous-série 3 P des Archives départementales du Morbihan) ainsi qu’aux actes notariés mis au jour au cours des recherches et se révèle intéressant pour comprendre les mécanismes fonciers qui sous-tendent les réalisations architecturales de cette époque. Enfin, nous avons pu retrouver un article concernant la bénédiction de la chapelle par l’évêque de Vannes en 1879  dans le périodique La Semaine religieuse du diocèse de Vannes.

Les conclusions que l’on peut tirer de ces investigations permettent de mettre en évidence que la construction de la chapelle Notre-Dame de Lourdes a lieu à partir de l’hiver 1874-1875 et se poursuit sans doute jusqu’en 1878 (millésime des vitraux) ou 1879 (la bénédiction par l’évêque ayant lieu en novembre 1879). Par la suite, l’édifice n’a connu que des travaux très limités dans un but d’entretien. On ne constate pas de réparations conséquentes. Ceci est en partie dû au fait que le bâtiment ne semble pas subir de perturbation majeure, au contraire de l’église paroissiale, victime d’un incendie en 1886. Cependant, des désordres structurels, visiblement encore d’actualité, sont constatés dès les années 1930 au moins. L’intérêt majeur de la chapelle Notre-Dame de Lourdes, sur le plan architectural, réside dans le fait qu’elle ne semble avoir subi aucune modification au cours du temps, qu’il s’agisse des structures autant que du mobilier qui la garnie. En ce sens, elle offre un exemple parfaitement préservée des édifices de culte construits dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans un style néogothique, où l’on perçoit les influences locales (clocher finistérien) autant que les tentatives d’imitation de la Basilique Supérieure de Lourdes (pour l’ordonnancement de la façade d’accueil), créant ainsi un édifice au caractère très particulier, voire unique.

Sur le plan historique, la chapelle Notre-Dame de Lourdes est l’illustration du formidable essor du pèlerinage de Lourdes et de ses nombreux avatars locaux. Le phénomène de concentration foncière autour de l’église Saint-Sauveur, à moins d’une dizaine de mètres de la chapelle, est également un élément significatif de la place de l’Église dans la société du XIXe siècle et des stratégies urbaines y afférant.

 

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Façade sud de la chapelle Notre-Dame de Lourdes à Auray / Saint-Goustan. État en juin 2018.

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