Dans son état actuel, le site du Corboulo se présente sous la forme d’une fortification fossoyé associant deux espaces distincts : au nord se développe une enceinte formant un L d’environ 40 m par 50 m, défendue par de puissants talus conservés sur environ 4 m de hauteur et des fossés. Au sud de l’enceinte se trouve une motte de forme quadrangulaire conservée sur 5 à 7 m de hauteur. La circonférence à la base du tertre est d’environ 25 à 30 m, tandis qu’à son sommet, la plateforme à un côté de 10 m. L’ensemble est bien conservé, si ce n’est la partie sud de l’enceinte, qui semble avoir été arasée à des fins agricoles (mise en culture de l’intérieur de l’enceinte).
Cet ensemble remarquable a été inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté en date du 28 novembre 1995, avec une série d’autres sites du même type, mais il fait l’objet de l’attention des érudits depuis le début du XIXe siècle. Bien que pour ce dernier le caractère castral du site du Corboulo ne fasse aucun doute, l’érudit Paul Aveneau de la Grancière, qui initie des fouilles archéologiques sur le site en 1902, pense fouiller un tumulus. Déçu par sa trouvaille médiévale, le compte-rendu qu’il fait de sa fouille, qui confirme d’ailleurs des interventions antérieures déjà évoquées par François-Marie Cayot-Délandre, tient en quelques lignes dans l’un des Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan de 1902 : « On l’a fouillé, assure-t-on, et on y a trouvé des maçonneries en grand appareil. Les recherches que nous y avons faites nous-mêmes nous ont fait reconnaître également les fondations importantes qui prouvent surabondamment qu’elles servaient de base à un donjon remontant au Moyen Âge. Les quelques débris de poteries, les cendres, les charbons, les déchets de cuisine recueillis en témoignent ».
Les traditions orales prêtent de nombreuses origines au site du Corboulo. On l’a vu avec François-Marie Cayot-Délandre, le site est parfois attribué aux Templiers (les « moines rouges »), or aucun document conservé dans le fond du Grand Prieuré d’Aquitaine (dont dépendait les commanderies bretonnes), ne permet d’accorder quelque crédit à cette tradition. Pour Paul Aveneau de la Grancière, le site était un tumulus et cette tradition subsiste encore aujourd’hui dans une frange de la population ayant connaissance de l’existence du site du Corboulo. Pour d’autres, l’ensemble est le vestige d’une ancienne mine d’or gauloise. S’il est vrai que le Blavet est faiblement aurifère, il n’en est pas moins vrai qu’aucune mine d’or n’est connue pour le Corboulo. Enfin, le toponyme traditionnel de Motten Morvan conféré au site est souvent associé, par un certain nombre de locaux, à la résidence du roi breton Morvan, dont la présence est attestée en Centre Bretagne au début du IXe siècle. Il est difficile de corroborer cette hypothèse de travail à l’heure actuelle, même si une partie des données archéologiques recueillies va dans le sens d’un fonctionnement du site au cours de la période carolingienne. Par ailleurs, François-Marie Cayot-Délandre récuse toutefois cette assertion en affirmant que le Morvan du toponyme n’était en fait que le patronyme d’anciens propriétaires de la motte.
À l’issue de cette première campagne de fouilles archéologiques programmée sur le site fortifié du Corboulo, il apparaît nécessaire de reconsidérer les datations et les interprétations habituellement retenues.
Les données issues de la fouille montrent que le site était originellement une enceinte défendue par un fossé et deux talus, dont l’un au moins était probablement maçonné. L’ensemble a visiblement été érigé entre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle. Le rare mobilier archéologique découvert dans le secteur 3 laisse supposer une occupation aristocratique d’assez haut niveau.

Motten Morvan semble avoir ensuite été restructuré vers l’An Mil, avec l’érection d’une motte. Il demeure toutefois difficile, à ce stade des recherches, de comprendre les raisons de la réutilisation du site et de préciser l’impact de la réoccupation sur les vestiges carolingiens. La réoccupation des Xe-XIe siècles semble avoir été très ténue, en dehors de l’installation de la motte, qui change profondément le faciès de la fortification. Le site du Corboulo apparaît ainsi bien plus complexe qu’il n’était attendu de prime abord et, en tout état de cause, l’archéologie révèle une histoire très différente de celle véhiculée par les traditions orales, par les érudits et même par les chercheurs plus récents. Malgré ces avancées, nous sommes actuellement loin d’avoir compris le fonctionnement du site, et en particulier l’organisation des circulations, au cours des 2 phases identifiées à ce jour.

Rapport complet, disponible ICI.
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