L’église Saint-Sindulphe d’Hautvillers (Marne), du XIe au XXIe siècle

De Mars à Juin 2023 nous avons effectué une étude historique et archéologique du bâti de l’église Saint-Sindulphe dans le département de la Marne.

À la demande de la Communauté de Commune de la Grande Vallée de la Marne, cette étude a été menée dans le cadre d’un marché de Maîtrise d’œuvre des compléments de diagnostic et de la restauration de l’église Saint-Sindulphe d’Hautvillers.

Documentation écrite, couverture photogrammétriques et étude de terrain

La première phase de l’étude a consisté en un repérage de la documentation d’archives disponible dans les fonds des Archives Nationales et départementales, de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine et les DRAC du Grand-ouest. Ce temps de recherche a permis de réunir de nombreux documents inédits, d’ouvrages et d’articles de revues comprenant des informations susceptibles d’éclairer le phasage de l’église.

Puis une phase d’opération de couverture photogrammétrique par drone et par scanner, réalisée par l’entreprise Drone Inove, a permis d’acquérir des orthophotographies intérieures et extérieures de l’édifice.

Enfin, nous avons poursuivi avec des observations in situ et un inventaire photographique du bâti en élévation.

Nous avons ainsi pu traiter l’ensemble des sources écrites et l’ensemble des données collectées pour proposer un phasage cohérent des élévations de l’église Saint-Sindulphe et de son clocher et de mettre en évidence également des épisodes de destruction et de pillages dont les moines furent victimes au fil du temps.

Un phasage en 7 temps

  • Les vestiges archéologiques les plus anciens découverts dans le cloître pourraient correspondre au XIe siècle ; c’est probablement également le cas pour la partie basse de la façade occidentale de l’église. Aucune trace antérieure n’ayant pu être observée, le monastère du VIIe siècle demeure, pour le moment, introuvable.
  • La reprise de la façade occidentale aurait eu lieu entre la seconde moitié du XIIe et le premier quart du XIIIe siècle. C’est une période qui semble présenter des enjeux importants : l’abbaye regagne en vigueur et en prospérité, nous retrouvons ainsi plusieurs actes de donations de biens divers passés par l’aristocratie locale et, notamment, les comtes de Champagne.
  • La partie médiane des côtales de la nef, la partie inférieure du clocher et la moitié occidentale de l’intérieur de la nef nous emmènent dans la seconde moitié du XVe siècle et le premier quart du XVIe siècle.
  • Les années 1644 – 1730 sont une période de profond remaniements de l’ensemble de l’espace, mais aussi du couvent. L’église est agrandie et un nouveau chevet est construit. Les stalles et l’autel Sainte-Hélène sont installés. Le cloître est reconstruit, le clocher est déplacé et exhaussé, puis on installe l’orgue et sa tribune. C’est aussi lors de cette période que le pignon de la façade occidentale est repris, ainsi que la charpente.
  •  Vers 1791-1816, l’église est transformée en paroissiale. C’est à ce moment-là que l’on modifie la circulation en bouchant le portail occidental et globalement, toutes les baies permettant de faire communiquer l’église et l’abbaye. Au cours de cette phase seront aussi installés les premiers tirants en fer pour maintenir les gouttereaux de la nef.
  • Des années 1840 à 1880 des travaux d’entretiens et de restauration seront effectués sur la charpente du clocher, la cloche et au sein du plafond de la nef.
  • La dernière phase, la période contemporaine, débute dans les années 1950. Depuis lors, l’église et l’abbaye font l’objet des plus grandes attentions en termes de conservation et de restauration.

Actuellement, l’église se présente à nous dans son état du début du XVIIIe siècle, à l’exception des couvertures et de quelques ouvertures et détails architecturaux.