Le manoir de Kerboutier, à Noyal-Pontivy (Morbihan)

Le manoir de Kerboutier, aujourd’hui sur le territoire communal de Noyal-Pontivy, dans le Morbihan, est érigé au sommet d’une légère éminence topographique dominant d’une cinquantaine de mètres la confluence de deux petits cours : le ruisseau de Belle-Chère, à l’ouest, et le ruisseau du Guern, au sud. L’examen de la cartographie montre que celui-ci s’installe sans doute le long de l’axe Pontivy-Josselin qui est vraisemblablement ancien. Par ailleurs, le manoir s’insère dans un contexte archéologique très riche, de la Protohistoire au Moyen Âge, avec pas moins de 21 sites archéologiques recensés dans un rayon de 2 km autour de l’édifice.

Relevé des Unités Construites de la façade principale à partir de l’orthophotographie (clichés, traitement et DAO : Cabinet d’Études Historiques, 2023).

Les observations archéologiques du bâti menées à Kerboutier nous amènent à envisager un phasage du site en 3 temps, dont la datation est parfois difficile à préciser :

  • Phase 1 : antérieure à la seconde moitié du XVe siècle. Cette phase se perçoit essentiellement dans les parties basses et dans les deux tiers orientaux du corps de logis principal. Ces éléments doivent correspondre à un premier état du corps de logis. Le style des piédroits des cheminées ainsi que l’orientation est-ouest évoque cependant une datation probable dans la seconde moitié du XIVe ou au début du XVe siècle. Dans cette première phase, la tour d’escalier desservant le(s) étage(s) du corps de logis se trouve sur la façade sud.
  • Phase 2 : il s’agit de la principale phase de reconstruction du corps de logis principal. Elle concerne l’ensemble du premier étage, mais aussi l’extension probable du corps de logis vers l’ouest. La tour d’escalier sud est supprimée, au profit d’une nouvelle tour d’escalier, plus imposante, désormais appuyée sur la façade nord.
  • Phase 3 : cette phase regroupe les travaux de réfections postérieurs à la phase principale. Ceux-ci sont souvent difficilement datables en dehors de leur datation stratigraphique relative. Certains linteaux de porte et le millésime 1628 présent sur la façade de la dépendance orientale laissent entendre qu’il y a eu des travaux au XVIIe siècle. Cela a notamment pu concerner la partie haute de la tour d’escalier pour laquelle nous avons pu mettre en évidence un changement de mise en œuvre et la présence d’œil-de-bœuf dans les parties hautes. Toutefois, il demeure difficile de clairement distinguer les possibles reprises du XVIIe de celle du XIXe voire du XXe siècle. Les témoignages oraux, notamment, plaident en faveur d’une installation très récente de plusieurs fenêtres sur la façade sud du corps de logis.
Relevé microtopographique des abords du manoir (relevé et DAO : Cabinet d’Études Historiques, 2023).

L’existence d’une plateforme fossoyée orientée nord-sud, située immédiatement au nord de la cour manoriale, ainsi que la détection, par prospection aérienne, d’anciens fossés curvilignes par la prospection aérienne, pose la question de l’existence d’un manoir antérieur aux états des phases 1 et 2.