Le pont « gallo-romain » de Mouzillon (44) date du Moyen Âge !

La commune de Mouzillon, dans l’actuel département de Loire-Atlantique (doc. 1), borde la route qui permet de rejoindre Vallet (à 2,5 km au nord) depuis Clisson (à environ 6 km au sud). Les habitations formant le bourg sont venues se lover à la confluence de deux petits cours d’eau : la Logne, affluent de la Sanguèze, qui va elle-même se jeter dans la Sèvre nantaise à hauteur du Pallet, à environ 5 km à l’ouest.

À la lumière des éléments que nous avons pu mettre en évidence lors d’une étude documentaire menée en janvier 2017, nous pouvons en conclure que le pont de Mouzillon n’est certainement pas gallo-romain, et ce pour plusieurs raisons :
1°- Tout d’abord, le seul indice avancé en ce sens serait la présence de mortier de tuileau à la base de l’une des piles du pont. Or, ce type de mortier est tout autant utilisé au Moyen Âge et pendant l’époque moderne. L’indice n’est donc pas suffisant pour constituer un argument en lui-même.
2°- Par ailleurs, l’observation des vestiges montre clairement que la structure du pont n’est probablement pas antérieure à la fin du Moyen Âge. S’il serait tentant de voir dans l’arche en arc brisé un vestige du pont mentionné en 1388, il n’est pas à exclure qu’il s’agisse également d’une reconstruction postérieure, du XVe ou du XVIe siècle, car il n’est pas précisé que le pont de 1388 était déjà maçonné.
3°- Enfin, la route reliant Clisson à Ancenis est très récente : l’aménagement de la voie de Grande Communication n° 13 bis au XIXe siècle ne reprend apparemment pas de tracé ancien. Par ailleurs, lorsque les textes des archives communales du XIXe siècle évoquent la « traverse » de Mouzillon, c’est-à-dire la rue principale, il s’agit en fait de l’axe est-ouest, et non nord-sud, même si ce dernier était déjà présent à la fin du Moyen Âge, au moins sur son tronçon Clisson-Vallet. Les vestiges d’une voie antique ont en revanche été repérés plus au sud, reliant Nantes à Montaigu (et au-delà vraisemblablement à Limoges).

Il faut donc finalement abandonner à la fois l’idée d’une structure gallo-romaine et de la présence d’un axe antique. Le pont de Mouzillon doit donc être appréhendé en fonction de circulations locales (notamment le besoin de desservir La Barillère, seigneurie de paroisse) et non selon des réseaux gallo-romains, dont l’existence demeure, en l’état actuel, très hypothétique. Le pont de Mouzillon apparaît, avec ses nombreuses modifications et phases de travaux, comme un objet archéologique complexe. Il conviendrait d’en réaliser une étude d’archéologie du bâti approfondie, comprenant des relevés manuels et numériques in situ ainsi que des datations par procédés scientifiques. Seule une telle étude permettrait d’acquérir toute les données qu’il est susceptible de renfermer quant à l’histoire du village et pour que la structuration des circulations puissent enfin être connues.

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